Mourrez donc.... j'ai faim!

L’histoire de Poseidon

Du plafond céleste cendré, un flocon de neige virevoltant tel une plume de duvet, vint se poser sur la main douce d’une villageoise de Davias, Nelicaï. Son visage d’ange n’était pas seulement beau, son charme aguichait les plus durs et son sourire encourageait les guerriers aux cœur purs. Elle cueillait les rares plantes utilisées par ses parents pour la confection des potions de vie, destinées aux chevaliers protecteurs de la cité. De la capuche de son long manteau couleur d’automne, une mèche bouclée de ses cheveux s’échappait comme pour souligner de son reflet crépusculaire le bleu glacé de ses yeux d’amandes. Portant à ses lèvres pulpeuses et rougies par le froid le flocon perlant et cristallin, elle ferma les yeux afin d’en savourer sa divine pureté.
Son sixième sens troubla son évasion intérieure… On l’observait. Les yeux toujours fermés, immobile, elle se concentra sur le son des branches bercées par la brise, lorsqu’un bruit de pas dans la neige se fit entendre. Elle sursauta et se tourna vers le bois, le regard croisant celui d’une créature démoniaque à l’allure humaine. Son regard fixe et incandescent, la peau noire charbon distendue par les muscles gonflés, une fumée ocre sortait de sa gueule ajoutant à l’aspect ténébreux du monstre une inquiétante enveloppe maléfique. Prise d’angoisse et paralysée par la terreur, Necilaï sortit de sa torpeur que pour récupérer le panier contenant la précieuse récolte et prendre la fuite. Le démon, véloce et brutal, lui assena une gifle assommante. Gisant sur le flanc dans la neige, le corps de la belle, inanimé, se recouvrait peu à peu d’une pellicule de glace étoilée.
La roulotte d’un marchand d’arme ambulant de Lorencia s’arrêta devant se triste tableau. Le pouls de la jeune femme était faible, aussi le marchand la porta jusque dans sa roulotte pour la réchauffer et la soigner. Ramenée à Davias chez ses parents, elle leur conta l’histoire qui lui interdire dorénavant de s’aventurer seule pour la cueillette. Les jours passèrent et l’histoire, peu à peu, n’était plus qu’un vieux cauchemar dont elle doutait l’existence ; jusqu’au jour où elle se rendit compte d’un fait pour le moins surprenant : elle était enceinte. Sans souvenir de l’événement, elle inculpa secrètement le marchand de Lorencia mais elle lui était reconnaissante de l’avoir sauvée. Elle décida de cacher l’enfant indésirable à ses parents qui l’auraient peut-être alors bannie de leur foyer.
Ce ne fut pas si difficile car, à Davias, le temps n’était plus à la fête ni aux festins : tout le monde parlait d’un Dieu-démon dont la cruauté et la puissance semblaient sans limite. Nul ne savait à quoi il ressemblait, ceux qui l’avaient vu ne purent jamais en témoigner. La réputation sans frontière de cette créature glaçaient le sang chaque fois que l’on prononçait son nom évocateur : EVIL-SHADOW. Les mois passèrent et le village renforçait ses barricades, les guerriers s’entraînaient, alors que l’enfant grandissait au sein de Nelicaï dans un tumulte assourdissant d’épées s’entrechoquant, de cris de rages, et d’un nom vociféré : EVIL-SHADOW.
9 mois s’étaient écoulés depuis l’incident sur le sentier de Davias, et ce fut à ce moment là que le Dieu-démon apparut devant les remparts de la cité. Les rumeurs annonçaient qu’il était accompagné d’une gigantesque armée de démons et que le grondement des pas étaient audibles à des kilomètres. Il n’y avait là qu’un individu, impressionnant toutefois, mais s’étant annoncé, EVIL-SHADOW ne fut pas pris au sérieux par les villageois. Les rires de ces derniers finirent en un gargouillis de râle ensanglanté. Alors que la neige du village virait au pourpre, des âmes montèrent au travers les flocons dans des hurlements mêlés à celui de Nelicaï qui, à ce moment même, accouchait.
Le silence retomba après le coup de grâce donné par le Dieu-démon. Les ruelles prenaient l’allure de rivières pour alimenter le lac pourpre trônant au milieu de la place où le sang chaud sur la neige créait une brume amplifiant le côté macabre de la scène. Le nouveau-né, resté silencieux, mordit le cordon ombilical de ses dents tranchantes. Ses yeux ardents scrutèrent les alentours, il resta contempler sa mère venant de succomber. Les cheveux argents et fins accentuaient son regard brûlant, rendu plus scintillant encore par la faim qui l’animait. Il lécha la cuisse de sa défunte mère, puis la goûta. Il passa sa journée à dévorer, sans même dormir, avec pour souvenir le bruit des lames se percutant, le nom d’EVIL-SHADOW hurlé ou sangloté ainsi que le goût du sang.
Un guerrier à la poursuite du Dieu-démon arriva à Davias par la magie de la téléportation, mais il ne put que constater son retard et la désolation. Alors qu’il entrait dans une demeure ensanglanté, il fut stupéfait de tomber sur un enfant dévorant les cadavres gelés. L’enfant semblait avoir 3 ans… il n’avait que 2 jours… Le guerrier s’en approcha doucement pour l’écarter du corps entamé mais une boule d’énergie bleue lumineuse le projeta à l’autre coté de la pièce, renversant tables et chaises. Sans bouger, observant sa férocité et sa voracité, il comprit que ce n’était pas un démon ordinaire, il avait tout d’un adorable garçon si ce n’est son regard et l’étrange couleur de ses cheveux.
Il conclu que cet enfant mi-homme, mi-démon pourrait lui être utile pour vaincre EVIL-SHADOW. Il le baptisa Poséidon. Il le protègerai, le nourrirai de cadavres de monstres et le formerai aux armes. Avec le temps, Poséidon s’attacha au 1er être vivant qu’il rencontra, appris les rudiments des armes et surtout à contrôler sa magie qui par accident une fois lui échappa. Malencontreusement, Poseidon déclencha un Blast redoutable et fatal qui tua son maître sur me coup. Maintenant seul, ces souvenirs tracent le chemins de Poséidon : la voie du sang, le nom d’EVIL-SHADOW…